Aristide à l’écoute de chacune des pulsations de son vieil alambic.
Installé là-bas, à quelques mètres de la vigne d'Ildevert Boussioux, « le brulou de vin » scrute ce petit flotteur calibré qui trempe son ventre dans un liquide d'une parfaite limpidité. L'alcoomètre permet de contrôler au degré près, la qualité d’un fluide que les amateurs d’alcool fort affectionnent. Et si l'opération est délicate, elle ne présente aucune difficulté pour Aristide Peyronnie, natif de Massat, petit village ariégeois et patrie certifiée des bouilleurs ambulants.
Au terme de mystérieuses manipulations sous la chaudière, Aristide accompagne maintenant la séparation des vapeurs d’eau et d’alcool. Et pendant que la bouillotte digère lentement dans ses entrailles de cuivre, le futur et divin nectar qu'un long tuyau lui déverse dans la gueule, la discussion s'anime. Les bouilleurs de cru et leurs tonneaux emplis de fruits se succèdent, chacun apportant son écot à la mystérieuse alchimie.
L’atelier public, nom donné à ce lieu de rencontre, restera animé jusqu'à la tombée de la nuit, jusqu'à ce que la cucurbite n'amorce l'étape du refroidissement. A l'image d'une douce perfusion, pommes, prunes et poires vont transiter encore et encore, au coeur d’insondables serpentins.
Après Sonnac, Aristide Peyronnie poursuivra sa délectable mission jusque sur les rives du Blau, à Villefort, avant Puivert, puis Roquefeuil et Brézilhac. « Le brulou de vin » va ainsi continuer à distiller gnôle et optimisme, avec le même plaisir, et tant que l'hiver ne sera pas fini.